Monday, March 26, 2007

Lettre à l'Inspectrice

Argenteuil, le jeudi 22 mars 2007

Madame l’Inspectrice,

Alors même que nous vous avons rencontré deux fois pour vous faire part des dysfonctionnements graves du collège et du climat délétère qui y règne, depuis la rentrée des vacances de février, la situation s’est dégradée de façon très alarmante.
Aujourd’hui, il n’est plus possible d’enseigner dans des conditions raisonnables et minimales de sécurité.
En effet,
Le vendredi 9 mars, un premier pétard a éclaté dans un cours de français de 3ème ;
Le 12 mars, nouveau pétard dans une salle de sciences, à proximité de produits dangereux ;
Le 16 mars, des œufs ont été jetés en cours de français et d’histoire-géographie, venant de l’extérieur ;
Le 19 mars, des papiers ont été enflammés dans les toilettes ;
Le 19 mars, crachats, jets de chaises, insultes, pneus crevés envers un surveillant ;
Le 21 mars, un pétard a éclaté, blessant au visage une élève et une surveillante, qui a demandé sa démission ;
Le 21 mars, la direction a libéré les élèves et fermé le collège afin de trouver des solutions.
Ce 22 mars, les incidents se sont enchaînés sans interruption et ont pris des proportions totalement ingérables :
8h45 : au moment même où un conseil de discipline se tenait, deux fumigènes ont été allumés dans un couloir ;
9h30 : nouveau pétard en cours de chimie, à proximité de produits dangereux ;
10h00 : récréation, plusieurs pétards dans la cour remplie d’élèves ; une élève a dû être évacuée suite à un malaise ;
10h30 : fumigènes dans les couloirs, alors qu’une classe attendait une intervention du principal sur ces problèmes de discipline. Des élèves sont soupçonnés, aucun coupable ne peut être trouvé. Des élèves sont indisposés par les gaz, un professeur enceinte ressent des nausées. Les couloirs sont enfumés, les inhalations toxiques causent des maux de tête aux professeurs et aux élèves dans les classes.
11h00 : nouveaux fumigènes dans les couloirs
13h30 : boule puante dans le bureau de la vie scolaire
13h35 : 4 pétards éclatent dans la cour, suscitant un mouvement de foule parmi les élèves paniqués.
Les professeurs se demandent que faire pour arrêter cette pandémie. Nous décidons de ne pas prendre les élèves en classe, ne pouvant assurer leur sécurité durant nos cours. Nous sommes également inquiets de rumeurs sérieuses circulant parmi les élèves : le projet d’attaquer la vie scolaire est apparemment envisagé pour l’après-midi ou le lendemain. Nous découvrons aussi des caches de pétards dans les couloirs (pots de fleur, radiateurs).
Les élèves restent donc dans la cour, surveillés par l’ensemble de l’équipe pédagogique. Des mouvements de foule se produisent de nouveau, ainsi que de nouveaux jets de pétard. Le principal décide de faire évacuer les élèves.
Durant leur évacuation, de nouveaux jets de pétard sont jetés dans la foule, éclatant aux pieds des personnels qui s’y trouvaient.
Nous souhaitons votre visite dans l’établissement de toute urgence. En l’état actuel des choses, nous ne sommes manifestement pas en mesure d’assurer la sécurité des élèves. Par ailleurs, nous ne voyons pas de solution à cette crise. Nous en sommes arrivés au point où la direction procède à des fouilles des élèves, toujours infructueuses.
Nous ne voulons pas être tenus pour responsables de la dégradation de ce climat et n’avons cessé de vous alerter à ce sujet. Nous ne voulons pas être tenus pour responsables des accidents qui pourraient survenir, qu’ils concernent les élèves ou les personnels de l’établissement. C’est pourquoi, nous avons décidé de faire valoir notre droit de retrait.
Nous attendons des réponses rapides de votre part.
Nous vous prions de recevoir, Madame l’Inspectrice, l’expression de nos sentiments respectueux.
L’équipe pédagogique
du collège Carnot

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